Paysages trompeurs de Marc Dugain
Le bureau des légendes : une de mes séries préférées !
Alors quand, l'année dernière, j'ai lu que Gallimard sortait une collection dédiée à l'espionnage, je me suis très vite plongée dans 'Des hommes sans nom', le premier opus !
Un peu déçue, j'ai laissé passer quelques mois avant de découvrir le suivant, écrit par Marc Dugain, le directeur de cette collection.
Il produit avec 'Paysages trompeurs', un roman tout en ... tromperies, faux semblants, faux amis et vraies aventures.
Entre Maroc et Paris avec des espions de tous bords, des ennemis d'avant et des ennemis d'aujourd'hui, de la duplicité, des vraies amitiés, une pincée de pays nordiques, je me suis régalée avec ce roman trop court qui en appelle d'autres !
Bref, je ne dévoilerai RIEN de l'intrigue, mais il me tarde de découvrir d'autres romans de cet auteur dont l'écriture rapide, concise, et sans fioritures convient particulièrement à ce genre de roman !
Je suis conquise.
J'attends le prochain !
Le talent est une fiction de Samah KARAKI
Est ce que le talent est inné ? acquis ? le résultat d'un ensemble d'éléments favorables ?
Telles sont les questions induites par le titre de cet essai qui m'avait fortement tenté quand je l'ai vu en Une des suggestions de NetGalley au mois de décembre.
Je m'y suis plongée aussitôt reçu.
Pour le lacher dès les premières pages ...
Car l'auteur s'étale, délaie, pour démontrer qu'il n'y a pas d'origine génétique du talent (on n'avait pas besoin d'elle pour le savoir), mais que quand même, peut être on peut s'interroger à ce sujet quand on voit qu'il y a des familles talentueuses : les Mozart, les Huxley, les coureurs kenyans ...
Bref, en deux mots le talent c'est outre un environnement favorable (une famille musicienne, des bibliothèques familiales bien garnies, l'accès sans réserves à la connaissance, un environnement pauvre en oxygène) couplé à de la volonté, de l'obstination, de la concentration, des encouragements, de la curiosité, de la réussite ...
Bref, celui qui veut ne peut pas forcément (bien que celui qui ne veut pas ne peut pas !) mais avec un coup de pouce il pourra !
Un essai ennuyeux au possible - heureusement composé à 25 % de notes et de référence - ce qui fait que je l'ai terminé au moment où j'étais prête à laisser tomber sa lecture !
Dommage, le sujet m'avait attirée !
Je remercie cependant NetGalley et les Editions Jean Claude LAttès qui m'ont fait parvenir cet ouvrage
#Letalentestunefiction #NetGalleyFrance
Le silence et la colère de Pierre Lemaitre
J'ai retrouvé avec plaisir la famille Pelletier dans ce deuxième opus de la trilogie Les années glorieuses, après Le grand Monde qui m'avait enchantée l'année dernière.
On retrouve Geneviève, toujours aussi teigne, acariâtre et frustrée, qui mène la vie dure à Jean, pas si bonne pâte qu'il en a l'air, mais surtout à leur fille Colette.
François commence à se sentir à l'étroit au Soir, et se verrait bien pousser des ailes ailleurs.
Quant à leur sœur Hélène, elle tente de mener une vie de femme libre, ce qui n'est pas si simple, même à Paris au début des années 50.
Leur père, Louis, s'est entiché d'un jeune boxeur, employé de sa savonnerie, qu'il rêve de voir devenir le nouveau Marcel Cerdan. Son épouse Angèle, toujours placide en apparence, pleure son fils aîné en restant attentive au bien-être de tous.
Un roman qui nous entraîne dans la France rurale, frappée de plein fouet par la planification étatique, qui nous envoie au cœur de la condition féminine des années 50 : des ouvrières parisiennes malmenées par des petits chefs aux paysannes bourguignonnes qui subissent la loi des hommes.
Ce roman lève le voile sur la brutalité de la société : pour le bien de tous - l'électrification du pays mérite bien qu'on noie un village - pour l'enrichissement de quelques autres : la création d'un temple de (ce qu'on appellera plus tard) la fast-fashion mérite bien qu'on sous paie et qu'on exploite les vendeuses !
Un grand roman très bien servi par une écriture vive, rapide, serrée, efficace.
Pierre Lemaitre décrit également les difficultés de la vie quotidienne dans une France mal logée et mal équipée.
Des personnages bien campés, quelques rebondissements qui pimentent le récit, j'attends maintenant avec impatience la sortie du prochain tome pour connaître la suite des aventures de la famille Pelletier !
1794 de Niklas NATT och DAG
Mi-2021, j'avais beaucoup apprécié 1793, le premier roman de Niklas Natt och Dag. J'avais cependant été déçue qu'un des personnages principaux décède à la fin du roman tant j'avais apprécié les méthodes de ce duo d'enquêteurs atypiques.
Quand j'ai entamé la lecture de 1794, j'ai pensé que l'auteur avait changé de style, ce roman démarrant par l'envoi d'un jeune homme de 14 ans, cadet d'une famille noble, faire ses preuves à Saint Barthélémy, alors colonie suédoise.
Des rencontres un peu troubles, la découverte de l'esclavage, ramèneront vite au pays le jeune Erik Tre Rosor, accompagné cette fois de ses nouveaux amis des Antilles.
Une nuit de noces catastrophique s'achevant par la mort de la jeune épouse et l'enfermement de l'époux.
Une mère éplorée qui veut savoir qui est réellement l'assassin de sa fille ... et nous retrouverons Jean Michael Cardell, agissant désormais en marge de la police municipale de Stockholm, et Emil Winge, le jeune frère de Cecil tout aussi tourmenté que son aîné.
Anna Stina réapparaîtra, elle aussi dans cet opus, et nous permettra de découvrir les dessous peu reluisants de l'obstétrique du XVIIème siècle.
Bref, je viens de passer une semaine dans ce roman foisonnant, touffu, passionnant, où peu à peu les fils épars du récit se combinent en une fresque complexe qui donne à voir les bas-fonds d'un Stockholm sombre et froid.
1795 sort dans une semaine en France ... je sais déjà que je le lirai
Confinement en œuvres de Manu Larcenet
Quitte à être confinés, autant en profiter pour s'amuser ...
C'est ce qu'a fait Manu Larcenet pendant ces mois maudits de 2020 et 2021 où il a profité de ces pauses imposées pour revisiter les chefs d'œuvre de la peinture en y glissant un de ses personnages, a motif qu'une boulette retrouvée au fond d'une poche libérait l'imagination !
Quelques clin d'œil, beaucoup d'humour !
Et hop un livre qui fait réviser ses classiques !
Les Vivants et les autres de José Eduardo Agualusa
Un festival littéraire va débuter sur l'île du Mozambique. Les écrivains africains majeurs ont répondu présents et arrivent dans l'île, qui en avion, qui en voiture via le pont qui la relie au continent.
Les premiers arrivés se rencontrent entament des discussions sur leurs œuvres respectives, leurs inspirations quand soudain, une tempête se lève, un brouillard épais coupe l'île du monde : les avions sont cloués au sol, les routes impraticables, le pont coupé et toute les liaisons internet ou téléphoniques ne fonctionnent plus.
Des personnages apparaissent, clones des auteurs adeptes de l'autofiction, ancêtres qui ont peuplé les pages de romans historiques voire génies ou djinns maléfiques.
Entre réalité des écrivains et personnages de leurs romans, la frontière se réduit et ...
Je ne dévoilerai rien d'autre de ce roman dont l'écriture m'a enveloppée et emportée bien loin de mes lectures habituelles.
Je me suis laissée bercer dans le cocon de ce conte, retrouvant des auteurs et leurs univers (Mia Couto, notamment).
Un auteur que je découvre et dont je vais tâcher de trouver d'autres romans
Une très belle découverte faite au hasard de mes sollicitations auprès de NetGalley, que je remercie vivement tout comme les Editions Métailié pour m'avoir fait parvenir cet excellent ouvrage
#LesVivantsetlesautres #NetGalleyFrance
Mémoire de fille d'Annie Ernaux
Dans ce témoignage, Annie Ernaux revient sur les traces de la jeune fille de 18 ans qu'elle était en 1958, quand elle est partie comme monitrice dans une colonie de l'Orne.
Un peu nunuche, avec des rêves plein la tête, cette toute jeune fille, qui quittait le cocon familial pour la première fois, s'est emballée pour le beau gosse qu'était le chef des monos ... et a passé avec lui sa première nuit avec un homme, qui, selon les critères actuels s'apparente davantage à un viol qu'à une relation consentie.
S'appuyant sur sa mémoire, des traces photographiques et un retour sur les lieux de cet été, elle retrace les nuits passées avec cet homme, les gaffes commises lors des réunions de monos, et les années à Rouen qui ont suivi, et, elles aussi, marqué à jamais sa vie.
Moment absent jusque là de son œuvre, texte manquant qu'Annie Ernaux inscrivait régulièrement dans ses projets de livres, elle nous livre un témoignage, des mémoires et non une autobiographie romancée.
Un texte abrupt, râpeux comme certains souvenirs de cet âge ...
Un texte qui donne à voir les relations garçons-filles de la fin des années 60 et montre, s'il en était besoin, le chemin parcouru.
Un ouvrage qui laissera une trace en moi ...
Suisen d'Aki Shimazaki
Nouveau roman issu de la pentalogie L'ombre du chardon, où j'ai retrouvé un des protagonistes d'Azami, Goro, lu plus tôt ce mois-ci.
PDG de l'entreprise de spiritueux fondée par son grand-père et développée par son père, Goro est un macho prétentieux, ne sacrifiant rien à ses plaisirs et régentant (ou du moins le croit-il) tout ce qui l'entoure.
Son enfance fut douloureuse, avec le décès de sa mère quand il n'avait que 3 ans, le remariage de son père et la naissance d'une petite sœur bien plus gracieuse et plus brillante.
Aujourd'hui PDG d'une entreprise renommée, il a deux maîtresses (dont une actrice en vue), une femme qui lui prépare ses plats préférés même quand il rentre au milieu de la nuit et des enfants bien élevés qui répondent à ses directives ...
Mais tout se grippe d'un coup : sa maîtresse en titre le rejette au profit d'un homme simple, sa belle-mère offre ses parts de la société à son gendre, sa femme demande le divorce.
Un retour sur soi, la désillusion d'un homme qui découvre que ce qu'il tenait pour acquis n'existait que dans son imagination ! Quel ébranlement de découvrir cela à 50 ans ...
Comme à son habitude, Aki Shimazaki nous offre un roman tout en douceur, malgré la brutalité du personnage, dont la carapace s'effrite au fil des abandons qui le frappent.
Portrait d'un homme qui tombe, ce roman est un incontournable !
Promenade au potager d'Emiri HAYASHI
Un livre à tirette pour voir la taupe pointer son nez au dessus d'une motte de terre.
Un livre au disque déroulant pour voir les abeilles butiner les fleurs et les vers de terre se tortiller sous terre.
Un livre où les radis se récoltent, où les gouttes d'eau coulent de l'arrosoir sur les salades et où un lapin grignote les feuilles de chou.
Un livre déjà rangé dans la bibliothèque de Mademoiselle en attendant qu'elle soit assez grande pour qu'on le lui raconte et quelle le manipule !
La fille du faiseur de rois de Philippa Gregory
Quand j'étais ado, j'ai lu beaucoup de romances historiques, piochées dans la bibliothèque de ma grand mère pendant les chaudes après midi estivales où nous étions cloitrés derrière les volets fermés repoussant difficilement la chaleur étouffante.
J'y avais découvert les longues guerres aux jolis noms comme celle des Deux roses, des Maisons d'York et de Lancastre ... bien avant les étés d'échanges britanniques où j'allais circuler dans ces mêmes cités !
Quand l'un des challenges de lecture 2023 a proposé Philippa Gregory comme 'Auteur du mois de janvier', je n'ai pas hésité et j'ai choisi un de ses romans, au hasard !
Je me suis retrouvée à suivre la vie d'Anne Neville, depuis l'âge de huit ans où petite fille de Richard Neville, comte de Warwick, le faiseur de rois, elle adopte toutes les allégeances de son père et sait bien qu'un jour, comme sa soeur Isabelle, elle sera reine d'Angleterre.
Mais pour cela, il faut que le roi 'endormi' Henry et sa méchante reine Marguerite d'Anjou cèdent leur place, sauf qu'alors arrivent sur le trône le gentil Edouard, élevé par les parents d'Anne, et sa très méchante épouse, la sorcière Elizabeth Woodville.
De trahisons en massacres, de guerres civiles en combats contre la France, les hommes se battent sur les champs de bataille et utilisent les femmes et les filles comme outils de paix et monnaie d'échange avec leurs anciens ennemis ...
Anne découvrira qu'elle n'était qu'un pion au service de son père quand il la mariera au fils de ses anciens ennemis, puis, une fois veuve, elle sera ballotée à la cour avant d'être 'sauvée par son second époux auprès de qui elle sera enfin reine
Un roman bien alambiqué où les peurs de la petite fille devant les soi-disant sorcières en s'effaceront jamais et gâcheront son bonheur tant elle sera toujours dans la crainte de le vois s'échapper ...
Une auteur que je redécouvre et que je relirai certainement !
