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Supermarché de José Falero

14 Août 2022 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans d'Amérique du Sud, #Rentrée littéraire

Dans un supermarché Fix, au cœur d'une des favelas de Porto Allègre, Pedro et son copain Marquès sont affecté au réapprovisionnement des rayons. La fauche y est monnaie courante et leurs menus larcins de sucreries et sodas agrémentent leurs pauses et celles de leurs collègues.

Pedro, pétri de justice et rêvant d'une égale répartition des biens et des richesses, embarque son pote Marquès, dans un trafic mûrement réfléchi : la vente de marijuana aux lycéens er autres gens friqués, après avoir reçu l'accord des deux chefs de gangs spécialisés dans la cocaïne et le crack, peu intéressés par l'herbe qui rapporte peu pour un trop grand volume.

Le supermarché devient ainsi la plaque tournante du trafic, mais pour gagner plus, il faut vendre plus. Pour vendre plus, il faut plus de vendeurs, qu'il faut rémunérer au juste salaire, tout en fidélisant les clients en leur proposant de la marchandise au juste prix  ... 

Tout une réflexion sur l'économie de marché, le partage des bénéfices, en restant sous le radar des vigiles du magasin, des policiers qui pourraient surprendre les échanges ... 

Un roman atypique, avec des personnages plus vrais que nature, un ton ancré dans la rue ...

Je suis ravie de m'être accrochée malgré la logorrhée des premiers chapitres qui me faisait un peu tourner la tête. 

Bref José Falero décrit la favela où il a grandi, les copains de son enfance, leurs rêves, sages ou pas et leurs destins ...

Une belle découverte de la rentrée littéraire que je dois aux Éditions Métailié et à NetGalley que je remercie vivement ici de m'avoir permis de lire cet ouvrage avant publication. 

#Supermarché #NetGalleyFrance

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Le lâche de Jarred McGINNIS

5 Août 2022 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans anglais ou irlandais, #Rentrée littéraire

Jarred a perdu l'usage de ses jambes dans l'accident de voiture qui a coûté la vie à une de ses amies d'enfance. 

Quand sa sortie de l'hôpital approche, il recontacte son père qu'il n'a pas vu son père depuis une dizaine d'années, quand il a fui la maison après une énième dispute avec son paternel.

Tout s'était déglingué quand sa mère avait eu une rupturer d'anévrisme, puis après un coma, avait repris connaissance et était rentrée à la maison avant de succomber à un autre. Son père avait sombré dans l'alcoolisme qui de latent était devenu chronique, son frère aîné tout à sa vie d'adulte responsable, ne pouvait être trop présent et Jarred s'était peu à peu délité dans les mauvaises fréquentations, l'errance, ... 

Le retour au bercail, la reprise de la vie avec son père aurait pu être des plus tragiques mais c'est un roman plein d'humour et de tendresse que nous offre Jarred McGinnis, où il nous montre la reconstruction d'un adulescent confronté au handicap mais devant surtout régler des comptes avec la vie et solder ses rancœurs.

Un roman que j'ai apprécié de plus en plus au fil des pages, savourant le retour à la vie d'un gamin bien amoché mais toujours positif ! 

La construction en aller-retours est fluide, et permet de bien comprendre comment tout s'est empilé pour conduire Jarred au bord du gouffre. On comprend également la descente aux enfers du père et sa résurrection ... 

Bre, un roman qui devrait être un incontournable de la rentrée littéraire 2022.

Je remercie vivement NetGalley et les Editions Métailié de m'avoir fait parvenir ce roman :) 

#LeLâche #NetGalleyFrance

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Soif d'Amélie Nothomb

23 Octobre 2019 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman d'Amélie Nothomb, le titre de celui-ci m'a intriguée, et je l'ai lu très peu de temps après sa sortie.

Amélie Nothomb nous retranscrit ici les pensées de Jésus entre son arrestation et sa mort sur la croix. 

Elle lui fait évoquer son amour pour sa mère et pour Madeleine, ses relations avec les apôtres, et celles plus contrastées avec Judas, celui qui est toujours dans le conflit, son avis ambivalent sur Jean - un peu trop mièvre à son goût. 

Un court roman passionnant que j'ai lu d'une traite - il est si court ! - 

Une réflexion intéressante sur la soif et sur l'action de boire pour l'étancher. 

Bref, je vais rechercher d'autres livres de cet auteur sur les rayons de ma médiathèque ... 

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Le bal des folles de Victoria Mas

13 Octobre 2019 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Tout petit roman (moins de 200 pages) de la rentrée littéraire 2019, m’a été recommandé par une amie, et j’en lai lu d’une traite. 
Il n’était pas bon d’être femme, même en cette fin du XIXème siècle d’où avaient disparu les carcans de la monarchie. 
Dès qu’un ecart à la norme était détecté, un père, un frère, un mari, voire une grand-mère ou une tante s’empressaient de demander l’internement de là fautive à la Salpetrière. 
Meurtrières, prostituées, dépressives, séniles, mélancoliques ou spirites se retrouvaient enfermées ensemble pour être étudiées, traitées, « soignées » par le professeur Charcot et s’est internes avec tous les abus imaginables.  
En particulier des  séances d’hypnose (parfois incontrôlées), devenues spectacles où assistaient, sur invitation des personnalités de premier plan et ce bal de la mi-carême où les pensionnaires déguisées et grimées recevaient le Tout Paris invité... 
Même si les travaux de Charcot ont abouti a des traitements, on n’en peut que regretter les conditions de leur découverte. 
Un beau texte, une écriture fluide pour un premier roman qui, j’espère, sera suivi de beaucoup d’autres de la même veine. 

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Chroniques d'une station-service d'Alexandre LABRUFFE

24 Septembre 2019 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Ce roman composé de textes brefs, nous entraîne dans le quotidien quasi immobile d'un employé de station-service d'une aire urbaine.

Chroniques des clients qui passent et ne reviennent jamais, des habitués auxquels on s'attache, instantanés de conversations de voyageurs de commerce, et description de l'attente fébrile de la reprise de l'approvisionnement en carburant lors d'un blocus des raffineries ... 

J'ai apprécié cette suite de petits textes courts qui gagne en ampleur au fur et à mesure que le texte avance, quand on retrouve des personnages déjà croisés, quand le narrateur dévoile quelques pans de sa vie privée ... 

Un premier roman d'un auteur qui devra confirmer son talent ! 

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La saison des fleurs de flamme de Abubakar Adam IBRAHIM

12 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans africains, #Rentrée littéraire

Reza, un jeune dealer, chef d'une bande de gentils malfrats et homme de main d'un politicien véreux, est surpris par Binta, la jeune sexagénaire qu'il était en train de cambrioler ...

Leurs regards se croisent et s'embrasent ...

Quelques jours plus tard, Reza rapporte les objets volés et ils succombent à leur passion ...

Binta retrouvé (découvre) les joies du sexe avec cet homme plus jeune que ses fils .... 

Mais les mauvaises langues diffuseront bientôt la nouvelle de cette passion sulfureuse ... 

Au-delà du récit de cette histoire d'amour, ce roman est l'occasion d'une plongée dans le quotidien de la vie d'une famille nigériane, de découvrir les liens familiaux, les familles brisées par les guerres de clans, l'entraide inter-générationnelle et la gestion des unions polygames.

Au travers de la vie tumultueuse de Reza, se dévoile la corruption de la vie politique, les intimidations, les achats de voix ... 

Un roman-fleuve, une écriture fluide par laquelle je me suis laissée emporter ... 

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions de l'Observatoire de m'avoir offert ce livre 

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Une maison parmi les arbres de Julia Glass

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans d'Amérique du Nord, #Rentrée littéraire

Un roman où j’ai eu beaucoup de mal à rentrer …

Le style très bavard des premiers chapitres, comme si l’auteur avait voulu placer tous ses protagonistes dans les premières pages, m’empêchait presque de distinguer les personnages les uns des autres, et je n’arrivais pas à trouver de fil conducteur dans cette logorrhée.

Puis, le rythme s’est apaisé, et j’ai commencé à apprécier ce roman multiple.

Ce roman comporte trois personnages principaux : Morty Lear, auteur réputé de livres pour enfants qui vient de décéder, Tommasina, alias Tommy, sa fidèle assistante nommée exécutrice testamentaire et Nick, l’acteur oscarisé qui doit interpréter le rôle de Morty à l’écran et qui veut s’imbiber du personnage.

Tommy a toujours travaillé avec l’auteur et connaît de lui certain secret sur l’origine de son œuvre qu’elle n’avait encore jamais dévoilé.

Nick, avait échangé des mails avec Morty, avant de convenir avec lui d’une visite pour mieux construire son personnage. Morty lui avait dévoilé la réalité de ses jeunes années, ce qu’il avait toujours tu, laissant croire tout autre chose.

Malgré le décès de l’auteur, Nick a souhaité maintenir sa visite et il vient passer quelques jours dans la maison que Tommy a partagée avec Morty. En farfouillant dans la chambre de l’auteur, Nick y découvrira ses tout premiers dessins, jusque-là inédits.

En éclairant tour à tour la vie et l’histoire de chacun des personnages, Julia Glass nous permet de composer le portrait le plus exhaustif possible de Morty dont chacun détient une facette qu’il ne dévoilera que partiellement aux autres. Et nous, lecteurs, sommes donc les seuls à connaître l’intégralité du personnage – pas si reluisant que ça – que fut Morty Lear !

Comme ‘Ma dévotion’ de Julia Kerninon, ce roman traite de la dévotion que certaines femmes, ni épouse, ni mère, portent à des artistes, s’oubliant, se mettant à leur service pour leur permettre de créer sans avoir le souci d’aucune contingence matérielle …

P 229 « J’aime Morty. Et sa vie, qui est la sienne, pas la mienne est une vie que … qu’il me plaît de partager. Pas exactement de partager, mais … j’aime vivre à ses côtés »

Là cependant, l’auteur ne veut pas être quitté et le montre : p 301 « Vous ne pouvez pas m’abandonner maintenant. Ce n’est pas possible. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, mais ce n’est pas possible. Pas maintenant » Et même après son décès, p 414 « Tommy sera complètement si ce n’est inconditionnellement loyale à son patron. A présent elle le considère ainsi, de la même manière qu’elle le considérait au tout début : comme son patron. »

Ce qui m’a plu dans ce roman, c’est la façon dont l’auteur canalise le flux d’informations, de données qui coulent sans retenue dans les premières pages, jusqu’à façonner un récit plus classique, groupé par personnage au fur et à mesure que le roman avance, jusqu’au bouquet final où tous se retrouvent pour un épilogue. Cette impression de flux est renforcée par l’absence de chapitrage, ce roman coule d’une traite, sans interruption …

Ce que j’ai également aimé, c’est la façon dont l’auteur a réussi à donner des éléments de contexte, des flash-back sur le passé et l’enfance de ses personnages, qui éclairent les comportements et le caractère des adultes qu’ils sont devenus, sans rompre la fluidité du récit. Tout arrive au bon moment dans le livre. Seul bémol, parfois on ne sait pas trop de quel personnage il est question lorsqu’elle passe de l’un à l’autre sans nous en aviser.

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Gallmeister de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 

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La mélodie de Jim CRACE

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans anglais ou irlandais, #Rentrée littéraire

Alfred Busi, chanteur renommé, veuf depuis peu, est agressé une nuit dans sa cuisine par un mystérieux inconnu, mais peut-être une bête - venu se restaurer dans son garde-manger après avoir renversé les poubelles de la cour.

S’ensuit une interrogation en compagnie de sa belle-sœur, Terina, qu’il a appelée au secours et qui est venue soigner ses contusions. Elle penche pour l’intrusion d’un des habitant de l’in-fameux Jardin des Indigents, cet ancien parc de la Pauvreté, où se pressent aujourd’hui des taudis peuplés de ‘néanderthaliens’.

Alors qu’il se prépare pour un concert en ville, Sobriquet, un journaliste de la feuille de chou locale l’interroge, puis à défaut d’avoir pu obtenir suffisamment de détails, complète son article d’une interview de Joseph, le fils de Terina, neveu d’Alfred, un homme d’affaires local.

S’ensuivent des digressions sur l’enfance d’Alfred, et la narration d’une terrifiante balade dans les bois, sur l’amitié naissante entre Alfred et sa jeune voisine, sur l’évolution urbaine de façon plus générale.

Je ne dévoilerai pas davantage de ce roman qui m’a laissé tout à la fois un sentiment d’ennui et une impression d’inachevé. Comme si des bribes d’histoires avaient été initiées sans qu’un réel fil conducteur ne les relie. Des scènes dont on ne sait si elles ont une réalité ou s’il s’agit de souvenirs de rêves, des tentatives, des erreurs, des remords (le cœur d’Alfred a balancé entre Terina et sa sœur Alicia), le passé, le présent qui se répondent et qui se fondent, entre autres exemples.

A mi-roman, j’ai commis l’erreur de lire la quatrième de couverture, ce que je ne fais presque jamais pourtant … Elle décrit partiellement le roman … mais je n’ai absolument pas trouvé dans le roman le sentiment de compassion qui y est décrit. Où trouve-t-on les migrants dans le livre, sans faire preuve d’un effort d’imagination pour assimiler les indigents à des migrants ? Alors que ces derniers pourraient aussi bien être des  travailleurs pauvres, des habitants de la ville. En outre, je me suis demandé qui était le dernier personnage qui est parachuté dans la dernière partie du roman.

Je me suis ennuyée – comme très rarement - à la lecture de ce roman. Je me suis accrochée, en espérant jusqu’au bout qu’une scène, voire une simple phrase me donne tort … mais non ! L’ennui fut total : aucun personnage ne m’a donné envie de m’identifier, la ville de bord de mer où se situe l’histoire n’avait que peu d’attraits et l’histoire racontée traînait inutilement en longueurs.  

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Rivages de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 

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Ma dévotion, de Julia KERNINON

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Helen et Frank se croisent après 23 ans de silence. Helen décide alors de lui écrire tout ce qu'elle ne lui a jamais dit au cours de leurs 45 années de vie (presque toujours) commune. Un drame les a séparés, jusqu’à cette rencontre fortuite, dans les rues de Londres, qui sera le déclencheur de cette histoire où Helen énonce factuellement sa version de leurs vies.

En 1950, le père d’Helen était ambassadeur de Grande-Bretagne à Rome. Helen le décrit en ces termes : « Mon père était un mauvais père, mais un bon orateur, un homme dur, mais éloquent » en ajoutant « J’étais la fille unique de cet homme-là, mais moi, je n’ai jamais su dire ». Ce « dire » en italique est, pour moi, l’un des mots les plus importants de ce roman. Celui qui explique le pourquoi de ce livre, pourquoi Helen a pris la plume pour écrire à Frank tout ce qu’elle n’a jamais pu prononcer devant lui, tout ce qu’elle n’a jamais pu lui dire.

A l’automne 1950, la famille de Frank rejoint Rome où le père est attaché d’ambassade, sous les ordres du père d’Helen. Les deux hommes se détestent. La première phrase que Frank dira à Helen : « Toi aussi, tu détestes ta famille ? », scellera pour toujours leur amitié. Révélation pour Helen, qui, à cette époque-là, haïssait tout autant sa famille qu’elle adorait les livres.

Ils vivront ensemble leur jeunesse, Franck deviendra LE peintre moderne que tous les galeristes et collectionneurs s’arrachent, aura des amantes, quittera, brièvement ou pas, la maison d’Helen, où il retournera pour peindre car il n’y a que là qu’il trouve suffisamment de sérénité … Et puis un jour, Helen se mariera et partira à Boston avec son mari architecte… Avant de rejoindre Franck avec son petit garçon en Normandie.

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est l’écriture toute en douceur, le récit sans acrimonie ni regrets, d’une femme qui a passé sa vie à se dévouer à un homme, à un artiste, en refusant de reconnaître l’amour qu’elle lui porte, mais en ayant réussi à ne pas renoncer à l’écriture, à son propre travail de création. C’est également un roman sur la peinture ou plutôt sur un peintre. Sur ce qu’il faut de concentration, de force, d’ambition, d’oubli des autres et des contingences de la vie, pour créer une œuvre, la porter devant un public, la vendre – et en vivre.

S’il fallait trouver un bémol à cette histoire, ce serait les derniers chapitres : Tout ce qui concerne Zaza, cette jeune femme qui s’engouffre dans la vie du peintre vieillissant et qui déclenchera chez Helen sa seule crise de jalousie. Ce qui me manque, c’est la version de Frank, pour avoir en miroir sa vision de cette vie.

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions La Brune au Rouergue de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire

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Ce que l'homme a cru voir de Gautier Battistella

2 Septembre 2018 , Rédigé par Bill Publié dans #Romans français, #Rentrée littéraire

Tout avait pourtant bien commencé …

Dès les premières pages ce roman me plaisait beaucoup !

Un style rapide, des phrases courtes donnent une sensation de rapidité, une écriture quasi cinématographique ...

La généalogie du héros donnée dans le premier chapitre donnait envie : un grand père polonais, Gregor Reijik, qui échappait miraculeusement à des rafles, traversait l’Europe entière se jouant de massacres, se faisant même passer pour mort avant de se retrouver à Marseille puis à Carmaux, à travailler dans les mines de charbon. Là, il rencontra Angelina, jeune italienne fille de mineurs, l’épousa et partit finalement s’installer à Verfeil en banlieue toulousaine où naquit en 1951 leur fils Marius.

Le second chapitre permettait de découvrir le héros du roman : Simon, fils de Marius, petit-fils de Gregor. Simon qui a depuis longtemps quitté Verfeil sans jamais y revenir, est restaurateur de réputation numérique, métier dont on ne saura pas grand-chose mais qui permettra d’introduire le chapitre sur la mère de Simon, en fin d’ouvrage…

Simon s’est marié avec Laura, rencontrée à l’occasion d’un chaton perdu, il semble heureux mais est cependant un grand très amateur de pilules de toutes sortes qu’il fait passer avec des lampées d’alcool, aides chimiques pour se détendre, pour supporter les petits cailloux de la vie …

Un vendredi soir, Sarah, une inconnue l’appelle. Au beau milieu du week-end normand chez des amis de Laura, il décide de répondre à la demande de Sarah et prend un – enfin plusieurs trains - pour le sud-ouest où il ira affronter ce passé qu’il fuit depuis 20 ans.

Un peintre à la recherche d’un sujet devient son compagnon de voyage, alors qu’il continue de gober ses assortiments de comprimés …

Mon plaisir de lecture a commencé à se gâter quand j’ai senti arriver les causes de l’addiction de Simon, son refus de revenir, ce drame qui marqua son adolescence … En fin de récit, les retrouvailles avec le peintre du train, et l’explication du titre de ce roman. 

 

Ce que j’ai apprécié dans ce roman, ce sont des tournures de style elliptiques et efficaces, telles que :

-       « … crevettes et coquillages côtoyaient leur fin imminente ; un énorme bol de mayonnaise » p 38

-       « Les morts à Verfeil ont la belle vue. Les âmes s’y offrent même le luxe de bronzer » p 84

-       « … gamins ébouriffés, riant à pleine gorge, de nos dents poinçonnées de bagues. » p 144

-       « C’est que nous sommes gascons, ici, une cabane se fait appeler résidence secondaire »p 151

-       Notre différence d’âge nous séparait plus sûrement que les cloisons de nos chambres. J’avais grandi sans lui. Il ne s’intéressa jamais à moi » p 166

-       « Le deuil, ce sont des boîtes de conserve dans le cagibi et du pain de mie congelé. » p 168

-       « Rien n’est définitif. Pas même l’amour que les parents sont censés porter à leurs enfants. » p 171

-       « Tu sais ce qui m’attriste le plus ? De ne pas savoir quel homme mon fils serait devenu. » p 211

-       « L’été est épais, les températures insoutenables. Même le vent paraît à bout de souffle. » p220

 

Ce qui m’a le plus gênée dans ce roman, ce sont les imprécisions géographiques. J’ai la chance d’habiter la région toulousaine et de connaître le village de Verfeil …

Lorsqu’un auteur choisit de localiser son roman dans une région précise, en insistant sur ses caractéristiques géographiques …elles doivent non seulement être précises, mais exactes !

Verfeil n’est pas en Gascogne, mais dans le Lauragais : la quatrième de couverture donne Simon gascon et son attachement à la Gascogne est mentionné en p 151. La Gascogne se situe à l’ouest de la Garonne – le fleuve sert de frontière naturelle à cette province (cf., entre autres, l’article de Wikipedia à ce sujet), et Verfeil est à l’est de Toulouse, à l’est de la Garonne donc !

Une autre aberration concerne le vent d’Autan. Ce vent typique du sud-ouest est provoqué par l’afflux de masses d’air méditerranéennes qui s’engouffrent dans le goulet d’étranglement entre Pyrénées et Massif Central. L’Autan souffle indifféremment en toutes saisons et peut dépasser 100 km/h aux alentours de la ville de Castres puis perd de sa vigueur au fur où à mesure qu’il s’en éloigne. Il peut rendre fou ! Or en page 140, Marius dit à Simon « L’autan est en retard cette année ». Cela est impossible. Plus loin l’auteur précise que « l’autan, le vent qui rend fou, petit frère du sirocco, nait dans l’Atlas algérien ». Là, seule la première partie de la phrase est exacte ! Il existe bien un vent qui nous apporte le sable rouge du Sahara, mais ce n’est pas le vent d’Autan !

 

Bref ce roman m’a déçue. J’ai trouvé que le niveau des 100 premières pages n’a pas tenu la distance, malgré le style mais il y a trop d’imprécisions et de maladresses narratives qui se sont placées entre l’histoire et moi pour que j’aie pu l’apprécier vraiment.  

 

Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2018

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