romans francais
L'enfant parfaite de Vanessa Bamberger
L'année dernière, j'avais beaucoup apprécié 'Alto braquo' le second roman de Vanessa Bamberger.
Je n'avais aucune idée du thème traité dans "L'enfant parfaite", mais ce livre m'a bousculée, fait trembler, secouée, perturbée ..
Roxane est en Première S, dans un grand lycée élitiste parisien, où les profs appliquent déjà les méthodes déstabilisantes habituelles en classes préparatoires, mais pas avant.
Ses parents ont divorcé, sa mère est altiste courant le cachet, son père, informaticien chez IBM - marathonien - fou de glisse et de sport, vit à Sète avec sa nouvelle compagne et la fille de celle-ci, étudiante à HEC.
Les parents de Roxane souhaitent la voir faire des études d'ingénieur, gage d'un métier sur et lucratif. Ils la veulent parfaite, et quand une poussée d'acné la défigure, Roxane lutte avec sa mère, bio et anti-médocs, pour être autorisée à suivre un traitement dermatologique.
Dans sa première partie, le ton de ce roman montre la montée inexorable de l'angoisse, la pression devant les notes qui s'effondrent, la solitude de Roxane, qui fait bonne figure contre désespoir grimpant. Pour ne pas perdre la face devant ses parents, elle désactive les liens informatiques qui les relient au lycée, et pris dans leurs vies, ils n'en voient rien ...
Et puis, le ton change.
La recherche des causes du drame ne pointe personne du doigt.
Les différents éléments s'alignent au fil des pages sans qu'aucun ne soit unique responsable
Mais ne serait-ce le refus de voir, de parler, de communiquer qui serait responsable?
Jusqu'où peut-on ne pas voir, se préoccuper de choses aussi futiles que la préparation d'une course, d'une fête d'anniversaire, de réussite, à en oublier autant son enfant ?
Je me souviens que les profs de prépa de ma fille nous avaient recommandé d'être vigilants sur le sourire, et d'alerter s'il disparaissait.
Un roman fort et puissant dont on ne se=ressort pas indemne.
Un cœur simple de Gustave Flaubert
Gustave Flaubert n'a jamais été un de mes écrivains préférés, peut être parce qu'il m'a été initialement imposé au collège par une prof de français qui ne m'aimait pas (et c'était réciproque) et au lycée, je l'ai rapidement supplanté par les bien plus modernes Emile Zola (pour toujours mon chouchou) et Guy de Maupassant !
Mais lorsqu'un challenge de Babelio comporte un item qui demande la lecture d'un livre de Gustave Flaubert et que le lancer de dés de la semaine d'un autre challenge me fait tomber sur la case 'Auteur du XIXème', le sort s'acharne ... et plus de 45 ans après, je viens de lire un roman de Gustave Flaubert !
Et j'ai aimé !
Point de descriptions à n'en plus finir, dans un style concis et efficace, Gustave Flaubert nous relate la vie de Félicité, une fille de la campagne normande dont la vie ne fut qu'une succession de pis-aller !
Un premier amoureux la laisse, car elle veut rester chaste, le suivant, pour éviter la conscription, épouse une veuve vieille et riche, sans même la prévenir ...
Elle quitte alors la ferme et trouve au pied levé un emploi de cuisinière dans une famille qu'on ne disait pas encore mono-parentale, le père tat décédé.
Elle s'attache à la fille de la famille mais celle-ci de constitution fragile, décède adolescente.
Félicité s'entichera d'un de ses neveux, le chouchoutera, mais il embarquera pour le bout du monde, où il mourra de fièvres ...
Finalement c'est un perroquet, vivant puis empaillé, que Félicité chérira jusqu'à son dernier jour.
Gustave Flaubert nous décrit cette vie simple, cette vie de service, presque sans affect, nous montrant Félicité arpentant la campagne jusqu'à Honfleur et même le bord de mer quand elle accompagne la jeune fille prendre ses premiers bains thérapeutiques.
Un roman qui donne à voir la vie tranquille de la petite bourgeoisie normande.
Un joli roman qui m'a donné envie de me replonger dans d'autres romans de l'auteur ...
Sans dote Salammbô, ont je pense aux premières lignes à chacune de mes arrivées en Grèce, quand, sur la route de Corinthe, nous voyons fléché Megara !
Lettre d'amour sans le dire d'Amanda Sthers
Dans la vie d'avant, nous allions régulièrement à Paris, et nous en profitions pour assister aux enregistrements de La Bande Originale à la Maison de la Radio.
C'est ainsi qu'en avril 2019, nous avions rencontré Amandé Sthers, venue parler de 'Holy Lands', le film tiré de son roman éponyme (enfin en vf, 'Les Terres saintes'.
Alors, quand j'ai débusqué "Lettre d'amour sans le dire", je m'y suis plongée avec délices.
Alice, à 48 ans, ne s'est jamais trouvée à sa place, ni auprès de ses parents analphabètes, ni auprès d'hommes qui ont usé et abusé d'elle, ni auprès de sa fille qu'elle a eu bien trop jeune.
Aujourd'hui, elle a quitté son nord natal et vit à Paris où sa fille lui a demandé de venir vivre, loin de ses repères, loin de ses anciens élèves du lycée où elle enseignait le français. Mais aussi loin de sa fille chez qui elle détonne ...
Elle pousse un jour la porte d'un institut de beauté, où on lui a offert un massage shiatsu, et elle tombe sous le charme des mains de son masseur.
Sans qu'un mot ne soit échangé entre eux, la vie d'Alice se transforme, elle prend des cours de japonais, y envisage un voyage et devient accro aux massages. Ces massages lui ont fait découvrir son corps, le plaisir, sa présence au monde ...
Ce roman en forme de lettre d'amour à ce masseur qui l'a enfin révélée est d'une grande pudeur et d'une extrême sensibilité.
Avec peu de mots, Alice se dévoile, raconte sa vie, ses sentiments et cette transformation qui peu à peu s'empare d'elle.
Une très jolie histoire, qui, encore une fois cette année, me ramène au Japon !
L'ennemie d'Irène Némirovsky
Francine a deux filles, Michette, trois ans, blonde comme elle et Gabri, 11 ans, un peu noiraude ; elles vivent toutes les trois dans un petit appartement du XVIIème arrondissement parisiens servies par des bonnes peu consciencieuses ...
Seule à Paris pendant que son mari fait des affaires en Pologne depuis la fin de la première guerre mondiale, Francine préfère s'amuser que s'occuper de ses filles.
Gabri en veut à sa mère, si différente des mères de ses amies et lorsque Michette décède d'un accident domestique, elle prend Francine en grippe ...
Puis leur père reviendra, riche et accompagné d'un cousin de vingt ans ...
Gabri et sa mère déménagent dans un superbe appartement de l'avenue d'Iéna, Francine se régale dans le luxe et multiplie les sorties dans les lieu xà la mode alors que son mari est toujours très pris par ses affaires .
Les inimitiés entre mère et fille ne feront que s'accentuer au fil des années alors que Gabri devient jolie et menace le dernier amour de Francine ...
La conclusion de ce court roman m'a étonnée. J'aurais préféré sûrement une fin inversée, mais là est tout le talent d'Irène Némirovsky, de nous surprendre jusqu'à la dernière page !
Un roman qui n'est pas sans rappeler les thèmes déjà développés dans 'Le bal', rivalité entre mère et fille, qu'elle dépeint si bien, les ayant vécues !
Cela faisait un moment que je n'avais pas lu d'œuvres de cet auteur. J'en ai encore dans mes Pile-A-Lire. A suivre, donc !
Bonjour tristesse de Françoise Sagan
Je ne relis plus que très rarement des livres déjà lus .... mais celui-ci, en attente depuis quelques mois dans la liseuse m'a permis de cocher un item dans plusieurs de mes challenges de lecture s!
Quand j'ai lu ce roman pour la première fois, j'avais l'âge de la narratrice, et je suis aujourd'hui bien plus âgée que son père, le plus vieux des protagonistes.
Je me souvenais vaguement d'un roman de vacances, mais j'en avais oublié l'intrigue ...
C'est bien un roman d'été, un roman où le soleil brûle la peau et renforce l'odeur des pins, où la relative fraîcheur de l'eau efface temporairement la touffeur des après-midi qui ne devraient être consacrés qu'à la sieste ...
Cécile, après des années de pension, vit désormais avec son père veuf qui cumule les conquêtes et emmène sa fille de 17 ans dans les soirées parisiennes ou, pendant l'été sur la Côté d'Azur.
Trop jeune pour certains de ces plaisirs, elle boit parfois un peu trop, s'amuse des conquêtes de son père et est impressionnée par Anne, une amie de sa mère, calme, intellectuelle et bien moins frivole, qui les rejoint, pour des vacances, dans leur villa de Saint Tropez.
Une idylle, improbable a priori, naît entre Raymond et Anne ce que Cécile apprécie, jusqu'au moment où, Anne insiste pour que Cécile se mette au travail et révise ses cours, et surtout les philosophe pour se présenter dans les meilleures conditions à l'oral de rattrapage du baccalauréat auquel elle a échoué en juin.
Un roman très bien ficelé, des personnages extrêmement bien esquissés, des lieux rendus à la perfection, une très belle écriture, vive et précise, qui nous plonge tout droit dans l'ambiance (forcément en noir et blanc) des films des années 50 et début 60.
Des paillettes, un casino, des hors-bord, des soirées arrosées, et Saint-Tropez quand ce n'était pas encore une station surpeuplée.
Un roman toujours actuel.
Un roman dont je m'étonne qu'il soit au programme des collèges !
Chapeau ! de Michèle ROZENFARB
Emprunté lors de mon dernier passage à la médiathèque, ce polar de la Série Noire est tout sauf classique !
Par le lieu principal de la narration : un foyer de jeunes handicapés
Par la narratrice : Chloé, une jeune fille de 12 ans atteinte d'une maladie qui provoque des mouvements incontrôlés et incontrôlables au point où elle ne se sent à l'aise que portant un harnais à la laisse très courte.
Le sujet est plus classique : Adrien, un jeune du centre, est découvert mort lors d'une sortie estivale, surdose d'héroïne et trace de piqûre sur le bras gauche ... sauf que la cuisinière confirme qu'il était gaucher.
Le récit alterne entre la voix du directeur qui explique la vie de ses protégés et la sienne et la voix de Chloé qui se débat dans son corps pour arriver à faire partager ce qu'elle sait des derniers jours d'Adrien.
Un excellent polar, sans pathos excessif, où l'enquête reste l'élément principal.
Une belle réussite de partage et d'écriture.
Les derniers jours de la classe ouvrière d'aurélie Filippetti
Dans ce roman directement inspiré de son histoire familiale, Aurélie Filippetti nous décrit sur trois générations, des années 30 à la fin du XXème classe, l'histoire familiale et sociale d'un petit coin de Moselle, voisin du Luxembourg.
Dans ce village, près d'une mine de fer, en tous points semblablesà ceux des régions voisines où on extrayait du charbon, des italiens fuyant la misère de leur pays sont arrivés à la fin des années 20, pour extraire le minerai, avoir la possibilité d'une vie meilleure.
Certains sont arrivés avec femmes et enfants, d'autres ont pris racine localement.
Lorsque la Moselle redevint allemande en 1940, des italiens, comme le grand-père de l'auteur, ont été arrachés à la mine pour être envoyés en camp de concentration ... et oui, les syndicalistes communistes, potentiels fauteurs de troubles ...
Une histoire d'hommes, de veuves, d'enfants, une histoire politique d'une région qui fut bradée
Des entreprises rachetées à prix d'or par l'Etat, puis cédée à des repreneurs, sans foi ni loi qui ont laissé des tas d'ouvriers au chômage.
Une belle plume, mais un récit qui m'a un peu perdue quand les époques se sont un peu trop mélangées et où j'ai eu du mal à bien identifier les personnages.
Mais un bon roman tout de me, sur une région rarement évoquée dans la littérature a contrario de sa voisine du Nord.
La petite bijou de Patrick Modiano
Un roman de Patrick Modiano rime toujurs avec une errance mélancolique dans les rues de PAris, en automne ou en hiver, quand on peut entrer se réchauffer dans un café embrumé de fumée de cigarettes où oublier la ville et ses rues désertes, ses amis engloutis.
Un soir, à Chatelet, sur le quai de la ligne 1 en direction de Chateau de Vincennes, Thérèse aperçoit une femme en manteau jaune qui ressemble à sa mère. Mère morte au Marox quelques années auparavant.
Thérèse ne peut s'empêcher de suivre cette femme, descend comme elle à la station Bérault la voit téléphoner, entrer prendre un kir dans un café puis faire quelques courses avant de rentrer dans un immeuble ...
Elle cherchera à la retrouver, n'y arrivera pas tout de suite, essaiera de reconstituer la vie à Paris de sa mère lorsqu'elle même était enfant et était surnommée 'La Petite Bijou'.
Récit d'une errance dans les rues parisiennes du XIVème arrondissement au Bois de Boulogne ...
Récit de personnages qui apparaissent puis disparaissent sans qu'on sache très bien ni d'où ils venaient ni où ils sont partis ...
Récit d'ombres fugaces, réelles ou imaginées qui apparaissent puis s'estompent ...
Récit d'une jeune fille qui a la chance de croiser des personnes qui prendront soin d'elle et l'empêcheront de sombrer
Roman tout en nuances, à ne surtout pas lire en plein été !
Les enfants sont rois de Delphine de Vigan
Au début de l'été 2001, Mélanie et ses parents n'auraient manqué pour rien au monde la finale de Loft story, cette première émission de yélé-réalité qui avait propulsé des inconnus au devant de la scène, leur donnant une célébrité factice mais qui dure encore près de 20 ans après.
N'imaginant même pas continuer de vivre dans sa Vendée natale, Mélanie était partie vivre à Paris sitôt son bac en poche, et plaquant rapidement l'université pour un job dans une agence de voyages. Elle n'avait pas renoncé à son rêve de célébritéet participait à des castings et, parvenant même à décrocher un rôle dans Rendez-vous dans le noir d'où elle fut évincée après la première soirée.
Avec la montée en puissance d'internet et des réseaux sociaux, Mélanie a réalisé son rêve : sa chaine Happy Récré est, en 2019, suivie par des millions d'abonnés, ses enfants ont des millions de followers, et les marques leur offrent bien plus que tout ce qu'ils désirent ...
sauf qu'un jour KimmyDiore, la fille de Mélanie disparaît pendant une partie de cache-cache dans le parc de leurs résidence sécurisée ....
Une enquête de police démaarre.
Et petit à petit, la face cachée de la chaîne Happu Récré sera dévoilée : pas de violence parentale, juste une intrusion des caméras dans les moindres moments de la vie, des rencontres avec les fans où il faut toujours paraître heureux
Et la question qui taraude Clara, la procédurière du 36 : quelle surveillance du bien-être de ces enfants ? Quelle régulation de ce star-system au rabais ?
Un roman qui met au jour les dessous de YouTube et d'Instagra, les sommes d'argent faramineuses dont les marques sont prêtes à dispenser aux plus suivies des 'influenceuses' quel que soit leur âge !
Quelle déontologie ? Quelles valeurs ?
Comme à son habitude, Delphine de Vigan décrit factuellement les situations qu'elle dévoile, et notamment ce monde féérique créé par Mélanie.
Un roman qui décrit un monde tellement vain et creux.
Pauvres enfants !
Ce matin-là de Gaëlle Josse
Ce matin-là, la voiture de Clara ne démarre pas !
Et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Clara rentre chez elle et craque !
Impossible de revenir au travail sous les ordres de cette chef autoritaire qui l'accable de brimades, de remarques désobligeantes, qui l'accable sous le poids des résultats à atteindre, poids qui s'est accru depuis la récente promotion que Clara n'attendait pas.
Clara la bonne élève, l'employée modèle, la trop investie dans cette société de crédit dont elle regrette l'implication dans le presque-surendettement de certains de ses clients.
Clara qui a renoncé à ses res d'étranger quand son père a eu un AVC,
Clara, dont le burn-out va se révéler le declencheur pour une reprise en main de sa vie.
A la différence du livre de Kikka, 'Je ne te pensais pas si fragile', que j'ai lu récemment, ce roman ne se focalise pas sur les causes du burn-out, sur le harceleur, et les petties mais constantes humiliations, mais plutôt sur la façon dont Clara va s'y prendre pour s'en sortir.
Et peut être de façon bien trop optimiste, car le déclenchement s'opére un jour, où Clara arrive enfin à sortir, à se reprendre en main ...
La reconstruction, l'éloignement à la campagne et la reprise en main de sa vie sont bien rendus, mais j'ai été gênée par le 'miracle' de la renaissance de Clara, vraisemblablement bien moins atteinte que Clotilde, l'héroïne de Kikka.
Bref, un roman bien moins poignant mais qui met cependant en exergue la nécessité d'être en phase avec sa vie et d'accepter ses choix, à défaut de les voir empoisonner l'avenir !
